Comment définir les risques psychosociaux au travail ?
Les risques psychosociaux (RPS) au travail font référence à des conditions ou à des facteurs dans l’environnement de travail pouvant avoir des conséquences sur la santé mentale, émotionnelle et sociale des travailleurs et influer sur les performances de l’entreprise.
Le stress lié au travail (surcharge de travail, manque de moyens, d’autonomie, de clarté dans les objectifs et les attentes …) est l’un des risques psychosociaux les plus courants. En effet, d’après l’Observatoire de l’absentéisme au travail (2ᵉ vague) IFOP réalisé en 2022 en partenariat avec Diot-Siaci, la majorité des salariés français estiment exercer un métier susceptible d’avoir un impact négatif sur leur santé mentale. En premier lieu, ce sont les situations de stress (pour 67 % d’entre eux), une charge de travail excessive (51 %) ou encore un déficit de reconnaissance (46 %) qui sont les principaux facteurs affectant leur bien-être mental.
De plus, les RPS incluent les violences internes, telles que le harcèlement et les conflits. Elles comprennent également les violences externes, comme les insultes de clients, les menaces et les agressions, susceptibles de porter atteinte à l’équilibre psychique des employés et de provoquer de la souffrance.
Enfin, l’employeur est soumis à une obligation générale de sécurité, conformément à l’article L. 4121-1 du Code du travail. Cela signifie qu’il est tenu de procéder à une évaluation des risques, qui englobe aussi les risques psychosociaux. La structure est par ailleurs dans l’obligation de mettre en place les mesures appropriées pour garantir la sécurité et préserver la santé, tant sur le plan physique que mental, de ses salariés.
4 stratégies pour faire face aux risques psychosociaux au travail
La psychologie au travail joue un rôle crucial dans la prévention des risques psychosociaux. Elle inclut la gestion du stress, la prévention du burn-out, la lutte contre la violence au travail ou encore la gestion d’événements traumatisants.
Les psychologues du travail collaborent étroitement avec le médecin du travail et les autres acteurs de l’entreprise (managers, ressources humaines, direction…). Cette coopération est essentielle pour promouvoir la santé mentale. Dans toutes leurs missions, ces experts adoptent une position neutre. De surcroît, ils sont tenus au secret professionnel.
1. Évaluation des risques :
L’évaluation des risques psychosociaux constitue une première étape fondamentale dans la gestion de la santé mentale au travail. De ce fait, il s’agit de réaliser une analyse approfondie de l’environnement professionnel afin d’identifier les éléments qui pourraient influencer le bien-être psychologique des employés. Plusieurs procédés peuvent être conduits :
- Des enquêtes auprès des collaborateurs : les psychologues du travail peuvent élaborer des enquêtes anonymes pour recueillir leurs perceptions concernant leur environnement de travail, leurs relations avec les collègues et les supérieurs, ainsi que les causes de stress potentiels.
- Des entrevues individuelles : les entretiens en face à face permettent de mieux comprendre leurs préoccupations et leurs besoins spécifiques. Ces échanges visent également à recueillir des informations confidentielles.
- L’analyse des données de santé et sécurité au travail : ces chiffres (taux d’absentéisme, retours d’arrêts maladie…) sont des révélateurs d’éventuelles problématiques associées aux RPS.
Après avoir réalisé cette étape, les psychologues du travail, avec les parties prenantes de l’entreprise, doivent mettre en place une démarche de prévention de ces risques. Cela comprend l’élaboration d’un plan d’action basé sur les résultats, la création d’un document unique répertoriant les risques et les mesures préventives, et un suivi continu pour assurer le bien-être mental des salariés à long terme.
2. Formation et sensibilisation :
Pour favoriser la prévention et la gestion des risques psychosociaux au sein de l’organisation, plusieurs actions peuvent se révéler utiles :
- Des programmes de formation : pour tous les collaborateurs, les ateliers, formations ou conférences dédiés à la santé mentale sont indispensables. Ceux-ci donnent des pistes pour mieux comprendre ce sujet, mais aussi pour reconnaître les signes précurseurs de détresse psychologique. En outre, l’association Premiers Secours en Santé Mentale France (PSSM) permet de former des secouristes, capables de repérer les troubles psychiques (dépression, anxiété, psychose) chez un collègue et de l’orienter vers les professionnels adéquats. Cette formation donne, de plus, des clés pour savoir réagir en cas de crise. Pour les travailleurs en souffrance, il peut être plus facile de se tourner vers un collègue dans un premier temps. Sa proximité en fait un allié précieux dans la prévention des risques psychosociaux.
- Une sensibilisation à la qualité de vie au travail : des séances informatives sur la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) peuvent être organisées au sein de l’entreprise ou en externe (par le biais de prestataires). Ces sessions visent à conscientiser les collaborateurs sur les enjeux liés à leur bien-être au travail, à identifier les sources de stress, et à promouvoir des pratiques bénéfiques à la santé psychologique.
- Un système de soutien : il est vivement recommandé de mettre en place ce dispositif. Ce dernier doit être clairement affiché dans tous les services de la société. Le système de soutien a pour intérêt de permettre à chaque employé de connaître les personnes à contacter en cas de besoin sur les plans administratif, juridique, médical ou psychologique. Enfin, l’objectif principal de cette initiative est d’éviter de minimiser les événements traumatiques et d’assurer une prise en charge immédiate.
3. Optimisation de l’organisation du travail :
Les psychologues du travail ont également un rôle de conseiller. Après avoir recueilli la parole des collaborateurs, ils peuvent donner des suggestions d’amélioration de l’organisation et des conditions de travail.
Ces conseils peuvent comprendre :
- La gestion de la charge de travail ;
- La promotion de la flexibilité et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ;
- La rationalisation des tâches ;
- Le renforcement de l’autonomie ;
- L’amélioration des relations interpersonnelles ;
- La reconnaissance des employés ;
- Une communication transparente ;
- Un leadership exemplaire…
Ces mesures visent à créer un environnement professionnel plus sain et favorable à la santé mentale des travailleurs.
4. Soutien individuel :
Les psychologues du travail ont aussi pour mission de proposer un soutien individuel.
- Des consultations individuelles : les personnes en situation de détresse ont accès à des entretiens en face-à-face. Ces consultations ont pour but de les aider à trouver des solutions pour faire face aux situations stressantes. Les psychologues analysent la situation professionnelle de l’individu et travaillent avec lui pour déterminer des moyens d’améliorer sa situation. Dans certains cas, le suivi psychologique peut permettre à l’individu d’accroître sa confiance en soi. En effet, une bonne perception de soi au travail est particulièrement importante.
- Des conseils pour gérer des situations difficiles : ces praticiens peuvent fournir des conseils et un accompagnement spécifique pour assister la gestion de situations complexes telles que l’absentéisme, les conflits interpersonnels, la démotivation, ou d’autres problèmes encore.
- Un accompagnement suite à un événement traumatique : les psychologues du travail sont disponibles pour recevoir individuellement les employés. Ces rencontres offrent un espace d’écoute, d’aide, d’orientation et de soutien à ceux qui ont vécu un incident au travail.
La prise en compte de la santé mentale au sein des entreprises est un sujet en évolution. De plus en plus de firmes reconnaissent son importance et mettent en place des initiatives visant à améliorer la qualité de vie de leurs collaborateurs. Malgré ces progrès réalisés depuis quelques années, l’accès à un suivi psychologique pour les travailleurs dépend des politiques et des ressources propres à chaque organisation. Il est donc essentiel d’ouvrir tous les esprits à ce sujet !