La psychologie d'entreprise autrement

Les entreprises doivent faire de la santé mentale une priorité !

La santé mentale est un sujet vaste et prioritaire pour les entreprises. En 2021, 2 millions de travailleurs français étaient en burn-out. La souffrance au travail progresse même si la loi impose des obligations en matière de santé mentale. Il reste donc encore du chemin à parcourir

Les entreprises se préoccupent-elles assez de la santé mentale ? 

Parler de sa dépression, du stress constant, des troubles psychiques développés, ou encore du harcèlement subi sur son lieu de travail est beaucoup plus courant qu’avant. Et heureusement, la parole se libère. 

Difficile de dire depuis quand on observe ce bouleversement. Néanmoins, la crise de la Covid-19 en France, notamment à cause des souffrances qu’elle a engendrées, n’y est pas pour rien. Depuis cette période, les chiffres sur la santé mentale des acteurs d’entreprise en France sont alarmants. Selon le baromètre Empreinte Humaine Opinion Way, État psychologique et physique des salariés français après le déconfinement réalisé du 20 au 29 mai 2020, 42 % des collaborateurs étaient en détresse psychologique. 17 % d’entre eux étaient même en détresse psychologique élevée. Des conséquences sur le plan physique ou psychologique en résultaient, ils étaient 35 % à subir des troubles du sommeil.

Et depuis, la santé mentale des travailleurs Français ne cesse de se dégrader. Ainsi d’après un sondage plus récent d’OpinionWay toujours réalisé pour le cabinet Empreinte Humaine, en 2021, 2 millions de personnes ont été concernées par le burn-out et 44 % des salariés ont été en très grande souffrance psychologique. Le taux de burn-out dans les entreprises a doublé en un an. 

Même si le sujet de la santé mentale est davantage considéré aujourd’hui, ce n’est pas pour autant que tous les moyens de prévention sont mis en œuvre dans les organisations. 85 % des salariés considèrent leur employeur comme “responsable de leur bien-être” mental. Ils sont en outre 60 % à estimer que leur entreprise n’agit pas suffisamment pour améliorer leur bien-être mental. Ces chiffres ont été révélés dans le « Baromètre de la santé mentale des salariés », réalisé par Harris Interactive pour l’assurtech Alan, en 2022. 

Pourquoi s’emparer du sujet de la santé mentale ? 

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Favoriser une bonne santé mentale des collaborateurs a de multiples intérêts. Cette démarche permet de :
– Attirer, recruter et retenir les talents ;
– Réduire l’absentéisme (arrêts de travail, absences non justifiées…) ;
– Valoriser sa marque employeur ;
– Augmenter sa productivité et sa rentabilité.

L’enjeu est de replacer l’humain au cœur des entreprises. D’ailleurs, les rapports s’inversent peu à peu. De nombreuses organisations font désormais passer en premier les besoins et exigences de leurs salariés. Par exemple, elles font le choix de faire vivre une expérience collaborateur épanouissante à leurs employés.

6 causes à l’origine des risques psychosociaux (RPS)

L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a étudié la souffrance au travail et identifié 6 facteurs responsables.

1 – L’intensité et le temps de travail

L’organisation et la manière de travailler influent sur le bien-être : une surcharge de travail, des objectifs irréalisables ou peu clairs, des journées de travail interminables, des horaires difficiles ou atypiques…

2 – Les exigences émotionnelles

Les exigences émotionnelles touchent essentiellement les collaborateurs qui œuvrent dans des métiers de service. Puisqu’ils sont en lien direct avec des clients ou du public, il y a une nécessité pour ces travailleurs de contrôler (simuler ou cacher) leurs émotions : être obligé de sourire, garder une attitude positive quoiqu’il advienne… Aussi, les professionnels travaillant au contact de la détresse humaine sont particulièrement touchés sur le plan émotionnel.

3 – Le manque d’autonomie 

L’autonomie est essentielle à l’épanouissement. En être privé, au contraire, implique de ne pas se sentir acteur de son propre métier et donc de ne pas s’investir totalement.

4 – Les rapports sociaux dégradés 

Conflits internes avec la hiérarchie ou les collègues, manque de reconnaissance, absence de considération ou encore impossibilité d’évoluer… Cela peut multiplier les risques psychosociaux.

5 – Les conflits de valeur 

Exercer un emploi qui n’est pas en adéquation avec ses propres valeurs ou bien ne pas adhérer à la culture d’entreprise, c’est, à long terme, mettre en péril sa santé mentale. Les conflits de valeur provoquent une perte de sens : dévalorisation de soi, baisse de la motivation…

6 – L’insécurité de la situation de travail 

Ces facteurs regroupent différents aspects. La peur de perdre son emploi, le non-maintien du niveau de salaire, un contrat de travail précaire, l’incertitude sur l’avenir de l’entreprise ou de son métier…

Tous ces déclencheurs, combinés ou non, ont été mis en lumière, voire exacerbés depuis la crise sanitaire. Ainsi les travailleurs ont pu subir une surcharge de travail due au manque d’effectif ou une absence d’autonomie plus présente due au télétravail (et au déficit de confiance de la hiérarchie). Cette période a, à l’inverse, été propice à une prise de recul sur la vie professionnelle et favorisé l’envie d’exercer un métier qui a du sens. 

Des obligations pour les employeurs en matière de santé mentale

De plus en plus de firmes adoptent une démarche qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) afin d’améliorer le bien-être des collaborateurs, mais également de perfectionner les pratiques professionnelles telles que le management, l’organisation, les perspectives de carrière, ou encore l’accès à la formation…


Par ailleurs, la loi impose des obligations en matière de santé mentale aux employeurs :

« L’employeur se voit dans l’obligation de veiller à la santé physique et psychique de ses salariés et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs : actions de prévention des risques professionnels, actions d’information et de formation, mise en place d’une organisation et de moyens adaptés » (article L 4121-1 du Code du travail).

Enfin, en ce qui concerne la prévention des risques psychosociaux, là encore, l’entreprise doit notamment, d’après l’article L. 4121-2 du Code du travail) :

« combattre les risques à la source et adapter le travail à l’homme. Cela implique d’intervenir en amont pour prévenir les risques psychosociaux : conception de postes de travail adaptés, choix des méthodes de travail et de production, en vue par exemple de limiter le travail monotone et le travail cadencé, soutien technique aux opérateurs pour la réalisation des activités, adaptation des charges de travail, etc. »

• « planifier la prévention en y intégrant dans un ensemble cohérent la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral ou sexuel ».

À l’évidence, les conditions de travail ou les exigences requises par un emploi peuvent impacter la santé mentale et physique des travailleurs. Les entreprises doivent donc prévenir ces risques et/ou de minimiser les impacts avant qu’une situation ne se dégrade.

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