La psychologie d'entreprise autrement

Les entreprises doivent tirer les leçons de la grande démission

La grande démission est un phénomène planétaire venu d’outre-Atlantique. Cette vague de salariés quittant leur travail est survenue en raison de la crise sanitaire. Les travailleurs veulent désormais exercer un métier qui a du sens, dans un cadre propice au bien-être. 

Le phénomène de la grande démission

Depuis quelques mois, un phénomène venu tout droit des États-Unis, le “Big Quit” est apparu en France sous le nom de “Grande Démission”.

Quand les travailleurs claquent la porte

Cette vague de professionnels quittant leur emploi a surgi à la suite de la crise de la Covid-19. En 2021 plus de 47 millions d’Américains ont quitté volontairement leur job. La Direction des études du ministère du Travail (Dares) a révélé qu’au premier trimestre 2022, 520 000 Français avaient démissionné de leur emploi. 470 000 étaient en CDI. Ces chiffres historiquement hauts témoignent d’un véritable bouleversement sociétal. Un tel événement n’avait pas été observé depuis la crise financière mondiale de 2008. Un contexte de crise bouleverse forcément le monde du travail. La pandémie a creusé l’écart entre les besoins et souhaits des collaborateurs et la vie de l’entreprise. 

Quelles sont les causes de la grande démission ? 

Qu’est-ce qui explique une telle vague de démissions ? Les travailleurs claquent la porte pour différentes raisons. Tout d’abord, en 2020 et 2021, les démissions ont été repoussées à cause du contexte et de l’avenir économique incertain, ce qui a fait exploser leur nombre. Aussi, durant cette époque, les salariés qui étaient en ”première ligne” ont fait, pour nombre d’entre eux, un burn-out. Cet épuisement professionnel extrême les a amenés à quitter leur emploi. Enfin, la perte de sens, la lassitude, le stress subi ou une qualité de vie au travail dégradée ont encouragé ce phénomène. En effet, les confinements ont mis en lumière les failles liées à l’organisation du travail en entreprise. 

Afin de rester compétitives, les firmes doivent en prendre la mesure et tirer des enseignements. D’ailleurs, alors qu’un accroissement du chômage était envisagé en réponse à la crise, une pénurie de main-d’œuvre (suite au boom des démissions) s’est profilée, inversant le rapport de force entre les candidats (ou collaborateurs) et les employeurs.

Selon l’étude Qualtrics sur le travail en France, réalisée en août 2021, 35 % des salariés affirment qu’ils prévoyaient de chercher un nouvel emploi au cours des 12 prochains mois.

Que veulent les candidats et les salariés ? 

Les organisations doivent répondre aux nouvelles exigences de leurs collaborateurs. Qu’attendent principalement ces derniers ? 

Une quête de sens au travail

Depuis quelques années, les salariés français se questionnent davantage sur le sens de leur travail. Certains y découvrent un décalage avec leurs valeurs et n’hésitent pas quitter leur emploi pour s’épanouir véritablement ailleurs. Il y a ceux qui changent de société ou de secteur et les autres qui prennent un autre chemin de vie. De plus en plus d’anciens salariés deviennent leur propre patron.

Ainsi, pour prévenir une fuite des talents, les employeurs doivent aider leurs salariés à trouver du sens en proposant des formations, des perspectives d’évolution, mais également en ayant une culture d’entreprise bien définie à laquelle les collaborateurs peuvent adhérer. 90 % des salariés jugent essentiel (55 %) ou important (35 %) que leur entreprise « donne un sens à leur travail ». C’est ce qu’a mis au jour une étude Ipsos pour Les Échos, publiée en 2020.

Avec ce changement de paradigme, dorénavant, le pouvoir est du côté des collaborateurs. Les organisations doivent mériter leur engagement et leur loyauté. Le cabinet Gallup a interrogé l’engagement des salariés dans 160 pays. La moyenne du monde était 21 % d’employés engagés dans leur travail. Dans l’hexagone, ce chiffre est de 6 %. Pour les organisations françaises, la question de l’engagement est donc un enjeu considérable.

Une souplesse des horaires et du cadre de travail

La crise de la Covid-19 a par ailleurs fait émerger une nouvelle organisation du travail : le distanciel. Le goût du télétravail est né durant cette période. Les adeptes de cette pratique y trouvent des avantages tels qu’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, davantage d’autonomie et de liberté et un cadre propice à la concentration. En 2021 d’après la Dares, parmi les télétravailleurs, 7 sur 10 souhaitaient poursuivre cette pratique au moins une fois par semaine.

Après la massification du télétravail, de nombreux pays et firmes songent à présent à la mise en place de la semaine de 4 jours. L’Islande l’a expérimentée auprès de 2 000 salariés entre 2015 et 2019. Le pays a récemment dévoilé des résultats prometteurs : une progression de la productivité des salariés et de leur bien-être. Peut-être que les entreprises françaises se laisseront tenter par cette expérience ? 

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