La psychologie d'entreprise autrement

Le brown-out, cette nouvelle souffrance professionnelle

Un salarié atteint de brown-out ne trouve plus de sens au travail qu’il exerce. Cette pathologie, moins connue que le burn-out, mais tout aussi dévastatrice, se traduit par de nombreux symptômes comme la perte de motivation, le sentiment d’inutilité ou encore la dépression. 

 Qu’est-ce que le brown-out ?

Définition

Le brown-out est une pathologie liée à la souffrance au travail. Cette expression, issue de l’anglais, peut se traduire par “coupure d’énergie” ou encore “manque d’énergie”. Le brown-out se caractérise chez un salarié par un épuisement dû à une perte (ou un manque) de sens au travail. Ce mal-être se traduit par une démotivation, un sentiment d’inutilité ou encore une tendance au repli sur soi. Cependant, les manifestations peuvent aller bien au-delà puisqu’un collaborateur souffrant d’un brown-out peut même souffrir d’une dépression. Ce phénomène peut donc avoir de lourdes répercussions sur la santé mentale et physique. Pour François Baumann, médecin et thérapeute, 54 % des Français seraient atteints de ce syndrome.

Le sens que l’on accorde à son travail détermine ainsi si l’on est heureux grâce à lui ou non. D’après une étude Deloitte et Viadeo, 87 % des salariés estiment qu’il est important de trouver un sens au travail. Ils sont même 54 % à considérer que cela oriente leur choix de métier.

Les causes probables

Une des raisons de l’apparition de cette pathologie est le développement des “bullshit job” (“emplois à la con”) avec la révolution numérique. Cette expression que l’on peut traduire par “ces métiers qui ne servent à rien” renvoie à un emploi que l’on considère comme étant dénué de sens. Avoir l’impression de réaliser des tâches superficielles s’explique dans certains métiers, car, les actions ne sont pas palpables et concrètes, et donc les employés se sentent inutiles. Pour preuve, de nombreux salariés franchissent le pas de la reconversion et se tournent vers des métiers manuels ou dans l’artisanat. Ces changements de carrière témoignent d’une quête de sens en progression.

Les symptômes du brown-out 

Le brown-out peut se manifester d’une multitude de façons. Les signes les plus fréquents auxquels prêter attention sont :

  • Une perte de sens au travail 
  • Une baisse de la motivation
  • Une impression de réaliser des tâches absurdes, sans intérêt
  • Un manque de compréhension des missions 
  • Un sentiment de dispersion 
  • Une perte d’attention 
  • Une sensation d’inutilité 
  • Un repli sur soi 
  • Une multiplication des arrêts de travail 
  • Une remise en question professionnelle et personnelle
  • De l’anxiété
  • Des troubles dépressifs 

Les personnes dépressives ressentent une grande tristesse, une perte de plaisir, ainsi qu’un sentiment de désespoir.

Comment différencier le burn-out, le bore-out ou le brown-out ? 

Ces trois pathologies présentent des symptômes similaires. Néanmoins, elles se différencient par leurs causes. 

Le burn-out : le surmenage au travail

Le burn-out traduit un épuisement professionnel dont les manifestations sont la détresse psychologique et le trouble anxieux. Le collaborateur est fatigué émotionnellement et sa santé physique se dégrade. Ainsi, les conditions de travail empirent de jour en jour.

Cette fatigue extrême entraîne des symptômes liés au comportement : irritabilité, manque d’énergie, impatience, impulsivité. Cette pathologie a également un impact sur la motivation, la concentration et le sommeil. Le burn-out provoque enfin un sentiment d’échec professionnel, mais aussi de l’anxiété, de la tristesse, une perte de confiance et d’estime de soi.

Le bore-out : l’ennui au travail

Le bore-out caractérise une pathologie causée par l’ennui au travail. Comme le burn-out ou le brown-out, ce syndrome se reconnaît à la fatigue, au stress ou à l’irritation engendrés. Cela peut aussi aller jusqu’à la dépression.
Une personne touchée par le bore-out vit dans la honte et la culpabilité. Elle tente de dissimuler son manque d’occupation par d’autres actions palliatives : lire le journal, surfer sur internet, prendre de longues pauses café, se déplacer dans l’entreprise sans but réel… Elle essaie de paraître occupée en cherchant des activités qui ne sont pas en lien avec son emploi. 

À l’inverse, le brown-out est vécu comme une désillusion par le salarié face à son emploi et à la stupidité (qu’il ressent) des tâches demandées, et se traduit principalement par une perte d’énergie.

Comment prévenir les brown-out ? 

Les entreprises disposent de différents moyens pour lutter contre ce phénomène et redonner du sens.

Développer et conserver la motivation des collaborateurs

Afin de prévenir les brown-out, les organisations doivent agir en premier lieu sur la motivation de ses collaborateurs. Voici quelques actions à mettre en place si ce n’est pas déjà fait :

  • Faire confiance en favorisant l’autonomie ;
  • Fixer des objectifs à court, moyen et long terme ;
  • Valoriser, récompenser et reconnaître les efforts de chacun ;
  • Proposer des formations pour se perfectionner et apprendre ;
  • Permettre à ses talents d’évoluer…

Favoriser le management participatif

Pour que les salariés donnent davantage de sens au travail qu’ils exercent, ils doivent être pleinement concernés par l’activité de l’entreprise : ses défis, ses objectifs, mais aussi ses difficultés. Pour cela, les sociétés peuvent favoriser un management horizontal, et pourquoi pas mettre en place un management participatif. Cela passe tout d’abord par une limitation des signes hiérarchiques. Ainsi, quel que soit son statut, chacun peut apporter des idées, participer aux prises de décisions… En aidant au développement de l’entreprise, les collaborateurs comprennent les enjeux, l’intérêt de leur travail et leur investissement se voit décuplé. Savoir pourquoi on travaille, c’est se sentir utile. 

Recréer un sentiment d’appartenance

La perte de sens éprouvé par un salarié peut aussi provenir d’un sentiment d’inadéquation entre ses valeurs et celles de son employeur. Une entreprise pour fidéliser et (re)créer un sentiment d’appartenance doit donc communiquer fréquemment avec ses salariés afin de leur permettre d’identifier clairement quelles sont ses valeurs. 

Autre aspect essentiel : la qualité des relations. Un salarié qui se sent intégré, écouté et compris aura davantage de facilité à se sentir inclus dans cette mini société qu’est le travail.
Enfin, mettre en place une démarche qualité de vie au travail (QVT) est un impératif. Le bien-être permet d’améliorer la productivité, mais également de minimiser les risques psychosociaux et ainsi de préserver la santé psychologique et physique des salariés. 

Le mal-être au travail est un fléau contre lequel il faut agir. Un salarié en souffrance ne doit pas hésiter à consulter un professionnel de santé : médecin généraliste, psychologue, thérapeute… De même, un employeur qui repère un collaborateur en détresse psychologique peut l’orienter vers le médecin ou le psychologue du travail.

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