Quand le sens des mots joue sur l’état d’esprit
Le mot « retraite » outre le sens qui signifie l’arrêt de l’activité professionnelle, exprime l’idée d’un état spirituel et son retrait du monde. Une connotation pour le moins négative puisqu’elle induit une sorte de repli sur soi, un éloignement des autres. Si l’on compare à la langue espagnole, « retraite » se dit « jubilatión » (comme jubilé en français) offrant une signification plus positive. Il est donc légitime de se demander s’il l’on doit conserver le même mot pour deux états différents. De nos jours, nous usons davantage du mot « senior » à la place de « retraité », puisqu’il renvoie une image plus dynamique, plus avantageuse… À l’évidence, être senior c’est profiter d’une période de vie riche et stimulante.
De l’idéalisation à la réalité
En France, les retraités partent en moyenne à 62 ans et 1 mois et sont au nombre de 16,2 millions, soit 24 % de la population française *. Avec l’âge de la retraite qui approche on ne peut s’empêcher d’envisager ce à quoi elle ressemblera. On imagine que l’on aura davantage de temps pour soi, la force d’accomplir des choses que l’on a pas eu l’occasion de réaliser, ou simplement l’acquisition d’une liberté nouvelle. La réalité est tout autre parfois. Il y a tant d’idéalisation que la confrontation avec le réel est forcément différente voire décevante…
La déprime des premiers mois
Si les quelques mois qui suivent l’arrêt du travail peuvent s’apparenter à des vacances, le temps qui passe finit irrémédiablement par rappeler qu’il n’y aura pas de retour au travail. Une déprime passagère peut ainsi s’installer. Il est donc essentiel de se préparer à cette période de l’existence, qui, avec l’allongement de la durée de vie est de plus en plus longue. La vie active n’est définitivement pas terminée !
Le début de la retraite est donc une période de transition délicate. En effet, ce bouleversement touche à des questions d’identité profondes : la peur de vieillir, la peur de la solitude, la peur d’être inutile. Cependant, si l’on est armé pour vivre la retraite, le vieillissement est vécu comme une période de liberté. Selon un sondage ViaVoice pour Le Monde, 89 % des seniors de plus de 70 ans sont heureux.
Prendre conscience de la fin d’une étape importante
Donc pour bien se préparer psychologiquement à la retraite il est important de s’y projeter. Passer de l’anticipation à l’acceptation est un travail à réaliser bien avant. Comment y donner du sens ? En acceptant la fin d’une vie ancienne pour laisser la place à ce que vous allez vivre. Il s’agira de définir de manière pragmatique un mode de vie nouveau. La vie sociale, la vie de couple, la gestion du temps, il faudra tout réapprendre à gérer. Pas de panique, en identifiant vos besoins et en écoutant votre rythme biologique et vos ressentis, les choses devraient s’organiser naturellement.
Choisir des activités qui ont du sens
Comment bien anticiper ? Tout d’abord s’entourer ! Pourquoi ne pas choisir des activités et s’y inscrire bien avant d’avoir cessé le travail ? Qu’il s’agisse d’activités associatives, citoyennes ou de toutes autres activités, l’important est de se consacrer à des actions qui ont du sens pour vous. Ce sera également l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes. De créer un cercle amical pour pallier au sentiment de solitude et d’inutilité qui peut apparaitre. Si beaucoup se préoccupent de l’aspect financier, il est donc tout aussi important de s’y préparer psychologiquement. Franz Kafka disait « Le bonheur supprime la vieillesse » et il n’avait pas tout à fait tort.
* Source « Les retraité et les retraites », Edition 2019, DREES (La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques)