Quand parle-t-on d’addictions en milieu professionnel ?
L’addiction est définie comme une dépendance compulsive à une substance (tabac, alcool, cannabis..), ou à une activité ou un comportement (jeux vidéo, travail, exercice physique…), ayant des effets néfastes sur la vie personnelle, sociale ou professionnelle de l’individu concerné.
Différents degrés d’implication sont discernables dans les pratiques addictives. L’usage simple correspond à une consommation occasionnelle, tandis que l’abus entraîne des répercussions sur la santé et l’équilibre social de l’individu. Enfin, dans le cas de l’addiction, l’incapacité de se défaire de sa dépendance devient déterminante.
Les habitudes compulsives peuvent causer des problèmes de santé graves et sur le mental en entraînant des troubles de l’humeur, des altérations cognitives et des difficultés relationnelles. La consommation de drogue, de cigarette et d’alcool, par exemple, peut entraîner des dommages physiques tels que des maladies cardiovasculaires, des cancers, des lésions hépatiques, ainsi que des troubles mentaux comme la dépression, l’anxiété et des altérations cognitives.
Quels sont les impacts d’une conduite addictive au travail ?
Le milieu professionnel n’est pas épargné par les conduites addictives, d’autant plus que la consommation de certaines substances comme le tabac ou l’alcool est banalisée.
Une conduite addictive au travail peut avoir de nombreux impacts négatifs : une baisse de la productivité, des absences répétées, des conflits avec les collègues ou la direction, une diminution de la qualité du travail, ainsi que des conséquences juridiques ou professionnelles graves.
Quelques chiffres
- L’alcool, le tabac et le cannabis ainsi que les médicaments psychotropes sont les produits psychoactifs les plus utilisés dans la population active.
Source : Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives MILDECA
- Près de 18,6 % des actifs occupés ont eu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante dans le mois, tandis que 9,5 % ont des ivresses répétées. En outre, 28 % fument quotidiennement et 9,6 % ont consommé du cannabis dans l’année.
Sources : Baromètre santé 2014, 2017 (Santé Publique France), (OFDT, 2017), Cohorte CONSTANCES, Étude ELEAS 2016 - Chaque année, le tabac est responsable de 74 000 décès en France. L’alcool entraîne quant à lui 41 000 morts. Enfin, une consommation fréquente d’alcool, dépassant généralement 2 à 4 verres par jour, double les risques d’accidents graves sur le lieu de travail.
Source : INRS
Pourquoi peut-on devenir dépendant ? Les causes
Une addiction peut résulter de nombreux facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Ceux-ci incluent la génétique, le stress, les influences sociales, ainsi que la facilité d’accès à la substance ou à l’activité addictive. Ses origines sont donc multiples. Elles peuvent être liées à la vie personnelle ou influencées par des facteurs professionnels.
Comment le travail peut-il contribuer à la naissance des addictions ?
Le travail peut jouer un rôle ambivalent vis-à-vis des addictions. Il peut à la fois protéger contre ces dérives, mais aussi les favoriser.
L’influence de l’environnement professionnel sur le développement d’une addiction se manifeste par :
- Les risques psychosociaux (RPS) et les conditions de travail difficiles et/ou stressantes
- Des exigences de productivité trop élevées
- Un climat de compétition exacerbée
- La promotion d’alcool par certaines entreprises à travers des événements organisés par l’employeur pour « récompenser » les salariés (pots internes, cérémonies de signature de contrats…), ainsi que par des rituels de socialisation entre collègues, comme les apéros ou les afterworks.
En conséquence, face à la nécessité de maintenir ou d’améliorer leurs performances, certains travailleurs cherchent à se stimuler, tandis que d’autres peuvent basculer dans une addiction au travail, connue sous le nom de « workaholisme ».
Quelles sont les obligations de prévention pour les entreprises ?
Les organisations doivent œuvrer à protéger la santé et la sécurité de leurs employés. Cela inclut la prévention et la gestion des addictions en milieu professionnel. De ce fait, les ressources humaines et les managers ont un rôle majeur à jouer dans l’établissement de conditions de travail favorables.
Concrètement, ces acteurs peuvent agir de plusieurs manières :
1. En sensibilisant
Nous ne sommes pas toujours conscients de la manière dont se forme une dépendance. Ni de notre propre vulnérabilité à celle-ci ! C’est pourquoi, il est essentiel d’informer les collaborateurs sur les risques liés aux addictions, les signes à surveiller et les ressources disponibles pour obtenir de l’aide. De plus, il est indispensable d’encourager et de garantir un accès aux services de santé au travail. Les professionnels pourront fournir une assistance, des conseils éclairés et une orientation adéquate, tout en préservant la confidentialité.
2. En menant une politique interne de prévention
Pour agir pleinement, les organisations doivent mener une politique interne de prévention. En premier lieu, il est nécessaire d’analyser les conditions et l’organisation du travail et ses dysfonctionnements éventuels. Cette première étape permettra d’élaborer des directives claires et cohérentes concernant l’usage de substances. Cette politique doit inclure à la fois des mesures disciplinaires et un soutien pour les employés touchés. Le tout, sans adopter de posture répressive !
3. En formant les managers et RH
Puisqu’ils sont en première ligne, il est impératif que les managers et les RH soient formés à reconnaître les pratiques addictives en milieu professionnel. Cette sensibilisation facilitera l’identification des signaux d’alarme et des attitudes problématiques, permettant ainsi une intervention rapide et un soutien adapté aux personnes affectées.
4. En favorisant un environnement de travail sain
Pour contrer les comportements addictifs, le bien-être au travail doit être une priorité absolue. Cela implique pour l’entreprise de s’engager activement dans la prévention des risques psychosociaux (RPS) et de soutenir une démarche de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Ces approches visent à créer un environnement propice, tant sur le plan mental que physique.
5. En adoptant le RPIB
Le RPIB, abréviation de « Repérage Précoce et Intervention Brève », consiste à repérer rapidement les comportements à risque liés à la consommation de substances chez les employés. Cette méthode permet d’intervenir rapidement et d’offrir un soutien approprié pour prévenir les inaptitudes au travail et le désengagement. Le RPIB est généralement supervisé par le médecin du travail ou les professionnels de santé au sein de l’entreprise.
6. En mettant en place des programmes d’aide
Il est de la responsabilité de l’entreprise d’apporter son soutien à un collaborateur en situation de mal-être. De ce fait, elle peut fournir des ressources à ceux qui luttent contre des problèmes d’addiction. L’accompagnement psychologique de Positive You est une solution qui permet de libérer la parole pour soulager la souffrance psychique. Le suivi, avec le psychologue choisi par le salarié parmi une sélection d’experts qualifiés, est personnalisé et confidentiel.
Les addictions sont une réalité à laquelle chacun peut être confronté. Il est temps que les mentalités changent. Solliciter de l’aide pour lutter contre ce fléau, ou offrir son soutien à ceux qui en ont besoin, ne doit pas être honteux. C’est un premier pas vers la guérison et le bien-être ! Et les organisations ont un rôle primordial à jouer dans cette prise de conscience.