Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Le concept de “biais cognitif” est né dans les années 1970, à la suite des recherches en psychologie de Daniel Kahneman et Amos Tversky. Ces derniers ont théorisé le rôle de ce phénomène psychologique et de son impact sur notre raisonnement. Les biais cognitifs sont en quelque sorte des instincts issus de l’évolution. Les Hommes ont gardé certains comportements remontant à la préhistoire, dans le but de se mettre à l’abri d’un danger.
Avec les biais cognitifs, le cerveau prend des raccourcis inconsciemment et presque machinalement. Ce mécanisme de la pensée lui permet de ne pas être submergé par un trop-plein d’informations, et de sauver du temps et de l’énergie. En effet, nous savons à quel point il est fatigant de commencer un nouveau travail ou une activité inconnue, tant il y a de données à assimiler. C’est pour cette raison que, dès qu’il le peut, le cerveau fonctionne en automatique. Au lieu de se fier à un raisonnement analytique, celui-ci choisit une vision déformée de la réalité en se fondant sur des préjugés et des croyances. Ces idées préconçues altèrent le raisonnement et la logique, entraînant ainsi une erreur de diagnostic.
Près de 250 biais cognitifs ont été référencés. Ils sont classés en 5 catégories : les biais d’attention, les biais mnésique, les biais de jugement, les biais de raisonnement et les biais liés à la personnalité.
10 biais cognitifs qui affectent notre jugement au travail
Puisqu’ils altèrent notre rationalité, les biais cognitifs impactent la vie professionnelle et les relations entre les collaborateurs. Il est donc important de savoir les identifier pour comprendre davantage les autres (et soi-même), pour mieux communiquer et limiter l’impact de mauvaises appréciations.
Voici quelques exemples de biais cognitifs les plus courants dans le cadre professionnel :
- Le biais d’ancrage est un phénomène psychologique répandu. Ce biais de jugement pousse le cerveau à se fier à la première impression. C’est humain, nous faisons généralement confiance à cette première intuition. Au sein des organisations, c’est aussi souvent le cas pour les recruteurs. En effet, seules 30 secondes suffiraient pour formuler un avis définitif sur un candidat.
- Le biais d’engagement consiste à poursuivre une action déjà engagée plutôt que de reconnaître qu’il s’agissait d’une erreur, et ce, malgré des résultats de plus en plus négatifs. S’il n’est pas remis en cause, ce comportement peut être néfaste pour la rentabilité d’une entreprise.
- Le biais de statu quo se caractérise par une résistance ou une peur du changement. La nouveauté comprend plus de risques que d’avantages. Habituellement, les transformations effraient. Pourtant, les évolutions dans une firme sont nécessaires. En connaissant ce biais, il est plus facile d’accompagner les changements.
- Le biais de confirmation amène à ne prendre en considération qu’uniquement les informations qui confirment les croyances et à sous-estimer ou discréditer celles qui les contestent. Cette interprétation peut nuire, par exemple, au développement de projets innovants, de dynamiques différentes…
- Le biais de disponibilité correspond à l’utilisation d’informations immédiatement disponibles et à ne pas effectuer d’autres recherches. Que ce soit au niveau de l’entreprise, du travail d’une équipe ou d’un salarié, la recherche d’information et la veille permettent une mise à jour des connaissances essentielle.
- La perception sélective est le fait d’interpréter de façon sélective des informations en fonction de notre propre expérience. Cette approche ne prend en compte qu’un seul point de vue et omet ainsi de nombreux éléments.
- L’illusion des séries, c’est la tendance à percevoir à tort des coïncidences dans des données au hasard. Ce biais brouille donc la logique des raisonnements.
- L’effet Dunning-Kruger conduit les individus les moins compétents à surestimer leurs aptitudes et les plus compétents à les sous-estimer. Pour ce dernier phénomène, on parle du syndrome de l’imposteur. D’ailleurs, 70 % des personnes dans le monde en souffriraient à un moment de leur vie.
- L’effet boomerang compromet les tentatives de persuasion. Celles-ci ont l’effet inverse. Les croyances initiales sont accentuées face à des preuves pourtant implacables. Plus simplement, plus un collaborateur, un manager ou même la direction cherchera à justifier l’intérêt d’une idée, plus celle-ci sera rejetée.
- Le biais de conformité correspond au fait de penser et d’agir comme les autres, par intériorisation, complaisance ou identification. Or, pour atteindre de nouveaux objectifs au cœur des organisations, l’intelligence collective est une valeur sûre.
Enfin, il n’est pas possible de se défaire des biais cognitifs puisqu’ils sont la plupart du temps inconscients, à moins d’un travail conséquent. Néanmoins, pour les déjouer, des approches différentes peuvent être mises en place par les entreprises : des feedbacks réguliers, l’utilisation de la méthode “test and learn” (tester et apprendre), des prises de décision réfléchies en étudiant toutes les données pour rester objectif, des moments de discussion pour développer la confiance et l’écoute active…